Les estimations varient, mais de manière générale, il semblerait qu’un nombre significatif de voitures autonomes, sans conducteur, remplacent les voitures classiques d’ici à 2020, soit dans moins de quatre ans. Ce constat semble optimiste. Mais nul doute que la voiture du futur sera une voiture sans conducteur.
Pendant que nous nous inquiétons de l’avenir de la radio et de sa place sur des tableaux de bords toujours plus performants, nous oublions un élément de taille : que se passera-t-il lorsque toutes les technologies que nous connaissons, créées dans le seul but de satisfaire un conducteur concentré, disparaitront ? Que notre voiture se substituera à un gadget qu’on transportera dans notre poche, et que le véhicule sera un mode de transport autonome, sans nécessité d’un conducteur pour le diriger ? Que notre voiture deviendra l’ultime plateforme mobile par le biais de laquelle nous pourrons travailler et nous distraire ? Que se passera-t-il lorsque les sièges avant se transformeront en banquette arrière ?
Considérons tout d’abord les raisons qu’invoquent la plupart des gens sur le fait qu’ils écoutent la radio en voiture, et pas ailleurs : Elle ne détourne pas de la conduite, elle est accessible facilement et programme la musique qu’ils aiment écouter, elle diffuse les mêmes émissions matinales, informe sur le trafic routier et le temps prévu pour la journée…
Or, ces raisons contrastes terriblement avec celles qui poussent les gens à de plus en plus utiliser les appareils connectés : Ils aident à effectuer les tâches plus rapidement et permettent à l’utilisateur d’être plus efficace, ils sont conçus pour concentrer toute l’attention de l’utilisateur. Ils permettent de communiquer avec les autres en temps réel. Les gens les utilisent exactement comme ils l’entendent, au moment où ils le souhaitent. Ils suscitent tous les sens et sont interactifs. Ils proposent une multitude d’activités : divertissement, information, jeux vidéos, chat, travail… et connectent l’utilisateur au reste du monde
Si vous supprimez le simple plaisir de la conduite, vous obtenez ce que Jeff Williams appelle « l’engin mobile ultime ».
En voici une description par David Smith dans MediaVillage.com : « Une chose est claire, si les véhicules autonomes continuent d’envahir le marché, les prochaines heures ne seront plus à la radio et à la rêverie, mais à une digestion littérale de contenus visuels multiples. De la lecture de vidéos aux jeux vidéos, en passant par le bon vieux surf sur internet, l’expérience du conducteur, qui initialement est de transporter des passagers, va se muer en une combinaison d’activités, entre travail et passe-temps. »
David Smith continue : « Historiquement, la radio et les médias associés tels que les podcasts, les bandes d’enregistrement, les cassettes, les CDs et maintenant la musique en streaming, étaient maîtres sur la route. Mais si vous n’avez pas besoin de faire attention à la route, il est indéniable que les vidéos et ordinateurs prendront la main. La radio ne disparaitra pas, mais son avenir est incertain. Elle devra se réinventer. »
Toutefois, il y aura toujours une demande concernant les musiques d’ambiance, qui jouent la plupart du temps des chansons que les gens aiment écouter. Elles sont le témoin de la disparition des radios conventionnelles dans les foyers et les lieux de travail : quand les gens ont l’opportunité d’écouter des titres qui reflètent leurs goûts, ils n’écoutent que ça. Regardez autour de vous : tout le monde, qu’il s’agisse d’écouter la musique dans la rue ou au travail, porte des écouteurs. Ils écoutent leur propre playlist, avec des morceaux qu’ils ont choisis.
Mais alors, que peut bien faire la radio FM pour éviter sa disparition ?
D’après l’étude du taux d’audience d’une radio américaine, les personnes âgées de moins de 35 ans écoutent autant la radio que les personnes de plus de 55 ans. Les jeunes auraient donc tendance à écouter la radio, mais en n’utilisant pas les mêmes supports que leurs grands-parents. Aujourd’hui, ce que les gens souhaitent c’est écouter leur propre musique, à l’endroit et au moment où ils le veulent. La nouvelle génération ne vouera plus un culte aux antennes de radiodiffusion. De plus, il ne s’agit pas seulement de diffuser sa radio sur tous les supports, il s’agit également de modifier le contenu de sa radio, afin de correspondre à une audience qui n’est plus la même qu’auparavant.
Ainsi, le challenge des radios FM actuellement n’est plus de rendre leur fréquence accessible partout ; elles doivent aussi être écoutées par tous.
Le seul chemin qui puisse les sauver serait d’inclure plus de formats de diffusion et des contenus nouveaux, de s’attarder sur le talent des artistes et non sur leur notoriété commerciale, de mieux cerner ce qui attire l’attention de l’auditoire, immergé dans un monde de choix et d’intégrer de nouveaux médias tels que les vidéos.
La voiture, lieu saint de la radio FM, va se moderniser. Lorsqu’elle sera devenue un outil à part entière, totalement autonome, sans nécessité de la manœuvrer, il est clair que la radio hertzienne perdra toute son utilité. Il sera donc vital qu’elle se réinvente et capte un nouvel auditoire, sans quoi son destin est plus que compromis.
• Dossier réalisé par W. Besombes