Tout producteur d’une webradio se retrouve un jour confronté à ce type de question : quel est le nombre idéal de titres qui doit composer ma playlist, à quel moment faut-il faire rentrer/supprimer de nouveaux titres ? Quels sont les golds qu’il ne faudra jamais supprimer ?
Face à ces questions, le producteur peut adopter deux attitudes différentes, tout aussi respectable l’une que l’autre. Les voici :
1. Etre conservateur.
C’est-à-dire n’utiliser que des titres connus de ses auditeurs, multiplier les « golds » pour que l’auditeur ne soit jamais surpris par ce qu’il entend. C’est cette façon de programmer, sans prendre de risques qui fait le succès aujourd’hui de la plupart des réseaux FM.
Un exemple: la playlist de Nostalgie est composée exclusivement de tubes des années 60, 70 et 80. Il n’arrive quasiment jamais que Nostalgie diffuse un titre méconnu. A force d’entendre cinq fois par semaine « La maladie d’amour » de Michel Sardou, l’auditeur peut être lassé. Et pourtant, diffuser et rediffuser des golds à longueur de journée, cela fonctionne. C’est un dirigeant de Nostalgie qui me l’a récemment confirmé : « On pourrait innover, diffuser des titres méconnus de Delpech, Sardou ou Halliday, de vraies découvertes. Mais les auditeurs de Nostalgie aiment entendre des titres qu’ils ont l’habitude d’entendre: entre « Pour un flirt » et un vieux titre inconnu du répertoire de Michel Delpech, ils préféreront toujours « Pour un flirt », c’est comme ça ! »
Cette stratégie est applicable à tous les styles musicaux. Chaque thématique, qu’il s’agissee de jazz, de country ou de classique, possède en effet ses standards internationaux, qui marcheront encore pendant des décennies et que l’on peut choisir de multi-diffuser à l’infini.
Avantages de cette stratégie : Diffuser des tubes, c’est s’adresser à un large public et ne jamais le surprendre. C’est une bonne manière de le fidéliser car l’auditeur sait exactement ce qu’il va entendre lorsqu’il se connecte à votre webradio. En fait, ça le rassure.
Inconvénients de cette stratégie : La programmation n’est pas très originale, ni très amusante à faire puisque vous rediffusez à peu près toujours la même chose. En terme d’image, votre radio n’aura pas une image très innovante.
2. Prendre des risques.
Cela signifie explorer à fond le domaine musical que vous diffusez et faire découvrir des titres totalement inconnus à vos auditeurs. C’est exactement ce que font FIP ou Nova. Ces derniers jours, Oüi FM en a même fait un argument publicitaire dans une campagne d’affichage dans le métro parisien avec le slogan suivant : « Sur Oüi FM, vous n’entendrez jamais 2 fois le même titre entre 9h et 16h ! » Si vous adoptez cette stratégie-là, je vous conseille de le faire avec modération. C’est-à-dire de ne pas programmer « que » des découvertes. L’idéal est de diffuser quand même un gold deux à trois fois par heure. Cela donne des repères à vos auditeurs. N’oubliez pas que vous faites de la radio pour être écouté, si votre programme est trop innovant, cela risque de déboussoler votre public.
Avantages de cette stratégie : elle colle beaucoup plus à l’idée que l’on peut se faire d’une webradio, qui s’adresse à un public à la recherche d’une programmation pointue. Elle vous permet de vous afficher comme une radio innovante. Vous devenez une radio de niche appréciée des spécialistes. Elle est plaisante à mettre en place pour le producteur qui doit dénicher de nouveaux talents, de nouveaux titres, bien les choisir…
Inconvénients de cette stratégie : Elle est beaucoup plus difficile à mettre en place que la première, surtout parce qu’il faut trouver le bon équilibre entre les tubes et les titres plus pointus. Elle ne plaît pas à tous les publics et ne garantit pas une audience immédiate.
Voilà, c’est maintenant à vous de choisir. Evidemment vous pouvez faire un compromis entre les deux stratégies, selon les plages horaires et/ou les jours (plus généraliste en semaine, plus pointu le week-end…)
Pour conclure, je dirais que, quel que soit votre choix, il y a toujours la possibilité de faire évoluer les choses. C’est ce que je fais par exemple pour Radio Mozart. Il y a bien longtemps que Mozart n’a plus rien composé (et aux dernières nouvelles, il n’est pas près de s’y remettre…). Pourtant, de nouvelles interprétations de ses oeuvres sortent tous les jours, avec de nouveaux chanteurs, de nouveaux orchestres. La programmation de Radio Mozart est donc régulièrement renouvelée. Les morceaux sont toujours les mêmes, mais ces interprétations nouvelles permettent, de manière presque subliminale, de faire évoluer la programmation.
A mon sens, si les radios FM sont frileuses et s’appuient uniquement sur des valeurs sûres, les webradios sont plutôt là pour innover, apporter un son nouveau, diffuser de la musique qui n’est pas programmée ailleurs. La playlist d’une webradio peut donc être à mon avis très large et régulièrement renouvelée. A condition évidemment de ne pas trahir le concept original de la radio.
Article rédigé par Nicolas Goyet